Les agriculteurs sont-ils satisfaits de la commercialisation de Maïs ?
Depuis 18 Janvier 2021, le Burundi a mis en place un organe de gestion de la production agricole et animale. C’est l’Agence Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire, ANAGESSA en sigle. Sa tâche ne se limite pas seulement à la gestion de la production disponible, mais également la commercialisation de cette dernière.
A sa création, d’aucuns pensaient que c’est perdre son temps -le gouvernement- de mettre en place un mécanisme de collecte de la production qui ne suffit même pas. Etant donné que la grosse majorité des Burundais produisent pour la consommation et non pour la commercialisation. Quand bien même le ton n’était pas haussé, des discussions en coulisse ne cessaient de se produire. Et c’est avec raison !
En 2022, lors de la 2ème campagne de collecte de ces produits agricoles, des prix sur certains produits comme les maïs, le Riz, les pomme de terre et les haricots, ont été fixés. Cependant, les prix n’ont pas été respecté à grande échelle, sauf pour les maïs ou le prix était de 800 Fbu le Kg. Ce prix n’a pas plu à tout le monde vu les efforts fournis pour arriver à la production. Et ayant fixé ce prix, des commerçants spéculateurs ne pouvaient qu’en acheter à un prix inférieur.
Pour l’année 2023, le prix du kilogramme de maïs a été revu à la hausse jusqu’au-delà du double du coût de l’année passée. C’est 1700Fbu le Kg. C’est fois ci, les agricultures ont reconnu une plus-value par rapport aux années précédentes.
Quid de la fixation des prix
Lors de la dernière fixation des prix pour l’an 2024 par l’ANAGESSA, le document rendu public a été signé par deux ministères conjoints de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement et celui du commerce.Les producteurs eux n’ont pas trouvé place dans ces organes de prise de décision alors qu’ils sont les premiers producteurs et bénéficiaires.
Nahimana Louis, habitant de la colline Bisoro à Gitaramuka se dit insatisfait du prix fixé : « A voir les efforts utilisés et le coût élevé des semences et engrais chimiques, le prix devrait être au moins 2000Fbu le Kg ». Pour lui, cette hausse encouragerait les producteurs à investir activement dans l’agriculture et ainsi la production augmenterait.
Donc, l’implication des producteurs dans le choix du prix peut être d’une importance cruciale et impacter sa fixation après avoir exposé les problèmes auxquels ils font face lors du processus agricole.
Néanmoins, force est de constater qu’aujourd’hui les agriculteurs se sont activés dans la culture et la production du maïs plus qu’avant.
De la loi de l’offre et la demande
Pour des économistes, le prix des produits, à priori les produits agricoles, ne devrait pas être fixé par le gouvernement. Le marché lui-même s’en chargerait. C’est le vendeur et l’acheteur qui se conviennent sur le prix des produits à échanger. Pour le cas des maïs, les agriculteurs devraient s’entendre avec les commerçants à quel prix il faut les acheter. Et cela rentrerait dans la logique du libre-échange économique. En plus, aujourd’hui, le vendeur n’a qu’un seul acheteur qu’est le gouvernement à travers l’agence ANAGESSA. Ce qui ne lui permet pas de faire le choix du client selon l’offre lui présentée.
Tout compte fin, pour inciter la population à produire beaucoup pour une autosuffisance alimentaire et pour la commercialisation, le Gouvernement devrait inviter à la participation de toutes les parties prenantes dans la fixation des prix, sinon devrait-il céder le libre choix aux agriculteurs de se chercher du marché soit à l’intérieur du pays soit à l’extérieur. Oui, à l’extérieur parce que le Burundi est ouvert au monde extérieur vu qu’il a intégré la Communauté de l’Afrique de l’Est et adopté la libre circulation transfrontalière des personnes, des biens et des services.
A propos de l’Institute for Economics and Enterprises
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