En date du 28 Mai 2024 est décrété le décret N0 100 portant création, missions, organisation et fonctionnement du comité national de la zone de libre-échange continentale. Quels instruments faut-il mettre en place pour mieux dynamiser cette échange ?  Quel sera la part des jeunes entrepreneurs burundais dans ce vaste marché africain ? Comment ces jeunes devraient ils s’y prendre pour mieux compéter avec leurs confrères africains ? Plusieurs questions préoccupent notre collègue Guy Marie Eloi, contributeur dans la campagne Kazoza Kacu.

Quid de la ZLECAf ?

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine, ZLECAf, entrée en action le premier juillet 2020, est la plus grande zone économique dans le monde de point de vue géographique, démographique et nombre d’États. Son objectif principal est de dynamiser le marché africain et développer le commerce intra-africain en réduisant ou éliminant les barrières commerciales et en harmonisant les réglementations et les normes. Les retombées attendues de la libéralisation des échanges interafricains, engendreront nécessairement une dynamique commerciale et compétitive, une redynamisation de l’industrialisation et de la croissance économique, de l’emploi, et une amélioration des conditions de vie des populations africaines, corollaires attendus de toutes les politiques économiques et sociales des gouvernements africains.

ZLECAf, une veine pour les entrepreneurs clairvoyants ?

Gerd Müller, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI),  a déclaré que « l’Afrique est le continent de croissance du XXIe siècle, offrant de nombreuses opportunités ». Toutefois, les économies africaines restent largement dépendantes des investissements et des échanges commerciaux internationaux. Actuellement, le commerce intra-africain ne représente qu’environ 14 % du total des exportations du continent – ce qui est faible, comparé aux autres continents (40 % en Asie, 58 % dans l’Union Européenne, 48 % en Amérique du Nord, en 2021).

Selon les prévisions de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la ZLECAf pourrait stimuler le commerce intra-africain d’environ 33 % et réduire le déficit commercial du continent de 51 %.

Quel part du Burundi dans la ZLECAF ?

Les exportations du Burundi vers le reste de l’Afrique ont connu un déclin ces dernières années au profit des pays asiatiques. Cette situation pourrait, cependant, changer rapidement avec la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) qui augmentera le commerce intra-africain du Burundi en réduisant les barrières tarifaires et non-tarifaires à son commerce avec les pays africains.

Actuellement le pays se procure plus du tiers de ses importations de pays africains (ce qui est bien au-dessus de la moyenne Africaine de 13%). Ses exportations intra-africaines ne représentaient en moyenne que 23% de ces exportations totales entre 2015 et 2017, avec plus de 45% de ces exportations à destination de son voisin la RDC. La ZLECAf représente donc une opportunité exceptionnelle pour le Burundi de renforcer aussi bien ses échanges intrarégionaux qu’intra-africains.

Que faut-il aux jeunes entrepreneurs burundais pour mieux s’intégrer au ZLECAf ?

Pour mieux s’intégrer au grand marché du ZLECAf en tant que jeunes entrepreneurs burundais, quelques pistes de solutions se proposent aux jeunes entrepreneurs et au gouvernement.

Primo, le gouvernement du Burundi devrait créer un environnement des affaires propices aux entrepreneurs. Cet environnement se crée en respectant la propriété privée, en réduisant les ingérences et les réglementations étatiques dans les affaires économiques ou du moins commerciales (respect de la loi de l’offre et de la demande crée par le marché lui-même), bref en mettant avant tout les principes du marché libre. D’ailleurs le chercheur marocain Hicham SABER conseille aux nations d’employer ce qu’il appelle l’intelligence économique pour mieux s’intégrer au marché du ZLECAf.

Secundo, les jeunes entrepreneurs burundais devraient se mettre à la hauteur de compéter avec leurs confrères africains. Dans ce cas, ils devraient prendre plus de sérieux dans leurs initiatives entrepreneuriales. Avant d’entreprendre, ils devraient apprendre à mesurer l’ampleur de leur entreprise, avoir des visions claires, des lignes de manœuvres, et bien coordonner leurs activités. Ils devraient également bien coordonner leurs chaines de valeurs afin de mieux répondre aux attentes des africains, précise Jean Baptiste Habonimana, enseignant de Rumuri.

Enfin de compte, les jeunes entrepreneurs burundais devraient penser à mettre principalement sur le marché du ZLECAf les produits transformés (surtout pour les produits alimentaires comme les avocats, autres fruits, etc.)  Pourquoi ? parce que nous avons un petit pays avec une population majoritairement cultivatrice. Avoir des grandes superficies cultivables où on peut cultiver une quantité énorme de produits à exporter sans transformation devient difficile. Les autres pays ayant des grandes superficies que la nôtre, auront alors des avantages compétitifs sur nous. D’abord, ils auront les grandes superficies cultivables et produiront des volumes imposants par rapport à nous. Et ce, leur permettra de réduire considérablement leur coût de production. Ce qui poussera ainsi la chute de leur prix de vente et gagnera le marché à travers ces avantages comparatifs, précise l’agroéconomiste Gahiro Leonidas, enseignant de Rumuri. Ce qui est pareil pour les exportations des avocats dont on veut faire prochainement, si ce n’est une régularisation. Les ressources étant limitées et les besoins illimités, il faut trouver les meilleures façons de produire ce dont nous avons besoin, conseille l’économiste libéral Von Mises.

A mon humble avis, les jeunes entrepreneurs burundais devraient miser beaucoup sur l’innovation et surtout la maitrise de la technologie à travers les unités de transformation. Avec une main d’œuvre abondante, cela créera beaucoup d’emplois aux autres jeunes et le taux de chômage diminuera progressivement. Les petites et moyennes entreprises se développeront et le pays augmentera en retour sa fourchette des exportations qu’il met dans la ZLECAf. La Part des produits de moyenne et haute technologie dans la valeur ajoutée manufacturière augmentera aussi pour dépasser les 9,36 % en 2022 et atteindre respectivement 15 % et 20 % en 2040-20260 en tant que pays émergent  et pays développé. Avec la ZLECAf, la compétitivité des entreprises et des producteurs nationaux sera stimulée et entrainera ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

Références

  1. https://www.ifc.org/content/dam/ifc/doc/mgrt/cpsd-burundi-fr.pdf
  2. https://www.econstor.eu/bitstream/10419/297817/1/1886512744.pdf
  3. https://revues.imist.ma/index.php/DOREG/article/view/21208
  4. https://www.academia.edu/download/105782166/Hayek_La_route_de_la_servitude.pdf
  5. https://www.iedm.org/wp-content/uploads/2019/01/18-penseurs-liberaux-classiques-essentiels.pdf
  6. https://research.trademarkafrica.com/wp-content/uploads/2022/10/Burundi-AfCFTA-Brief-19th-August-2019-updated.pdf

A propos de nous :

Institute for Economics and Enterprises est une Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.

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