Les partisans de l’aide étrangère affirment qu’elle peut aider les pays à sortir de la pauvreté, mais les faits racontent une histoire différente. Le principal argument en faveur de l’aide étrangère est que les pays riches peuvent et doivent aider les pays pauvres à devenir plus prospères. Et de nombreux hommes politiques suivent cette approche. Selon les dernières données de l’Organisation de coopération et de développement économiques, les gouvernements donateurs ont donné plus de 220 milliards de dollars l’année dernière. Mais les partisans de l’aide étrangère disent que ce n’est pas suffisant. Les responsables des Nations Unies affirment que les pays riches devraient doubler leurs budgets d’aide étrangère.

Les sceptiques de l’aide ont un point de vue différent. Ils expliquent que l’aide étrangère n’est pas efficace et qu’augmenter les budgets d’aide équivaudrait à jeter l’argent par les fenêtres. Ils soutiennent que l’aide étrangère est une erreur en théorie, car elle se concentre sur l’octroi d’argent aux gouvernements plutôt que sur des réformes politiques favorables au marché qui stimuleraient la croissance. Ils soutiennent également que l’aide étrangère a échoué au test du monde réel, car les pays qui en bénéficient ne sont pas sortis de la pauvreté.

Pour ceux qui se soucient des preuves, les sceptiques ont un argument plus solide. Non seulement il n’existe aucune preuve que l’aide étrangère ait jamais transformé un pays pauvre en pays riche ; il est bien plus probable que l’aide étrangère compromette le développement économique en fournissant aux responsables politiques des pays bénéficiaires une excuse pour retarder ou éviter les réformes nécessaires. Par exemple, le dernier rapport du Conseil économique et social des Nations Unies montre que les pays en développement régressent plutôt qu’ils ne progressent dans la réalisation des objectifs de développement.

La Banque mondiale dispose d’une base de données exhaustive sur le montant de l’aide étrangère reçue par les différents pays depuis 1960. Elle montre que les pays pauvres ont reçu 4 000 milliards de dollars au cours des six dernières décennies, une somme astronomique. Si les transferts entre gouvernements étaient bénéfiques pour la prospérité, les pays qui ont reçu le plus d’aide devraient afficher de très bons résultats. Pourtant, ces pays sont toujours embourbés dans la pauvreté. Les responsables politiques des pays bénéficiaires sont devenus riches, mais les populations sont restées pauvres.

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) affirme que la Corée du Sud et Taiwan sont la preuve que l’aide étrangère peut être efficace. Pourtant, un rapport du Cato Institute note que « ces pays n’ont commencé à décoller économiquement qu’après la suppression de l’aide massive des États-Unis ».

Prenons l’exemple de la Moldavie et de la Roumanie, deux pays voisins qui partagent une même origine. La Moldavie est à la traîne sur le plan économique. C’est le pays le plus pauvre d’Europe, après le Kosovo et l’Ukraine ravagée par la guerre, avec un PIB par habitant inférieur à celui de pays comme la Libye, l’Équateur et le Botswana. Le pays a connu une croissance réelle (corrigée de l’inflation) très faible depuis qu’il s’est libéré de l’Union soviétique il y a environ trois décennies.

La Roumanie était elle aussi très pauvre lorsqu’elle faisait partie de l’Empire soviétique. Pourtant, regardez ce qui est arrivé au PIB par habitant en Roumanie au cours des trois dernières décennies. Comme le montre le graphique, le niveau de vie des Roumains a considérablement augmenté, tandis que celui des Moldaves est resté stagnant :

Article333333333 Les arguments contre l’aide étrangère

Comment expliquer les différences considérables entre la situation économique de la Moldavie et de la Roumanie ? La réponse tient en grande partie à l’existence de différences importantes en matière de politique économique. La Roumanie s’est tournée vers le capitalisme, tandis que la Moldavie est en proie à l’étatisme.

Selon le rapport sur la liberté économique dans le monde de l’Institut Fraser , la Moldavie est classée 57e et la Roumanie 27e. L’ indice de liberté économique de la Heritage Foundation montre également que la Roumanie a une politique économique nettement meilleure que la Moldavie. Sauf que les deux pays sont moins bien classés par Heritage que par Fraser, la Roumanie se classant à la 51e place et la Moldavie à la 99e place.

Intégrons maintenant l’aide étrangère à l’analyse. Selon les données de la Banque mondiale, la Moldavie a reçu plus de 7,8 milliards de dollars d’aide au cours des trois dernières décennies (elle est l’un des plus gros bénéficiaires au monde par habitant). La Roumanie, en revanche, n’a reçu que 5,6 milliards de dollars. Et comme la Roumanie compte 19 millions d’habitants contre 2,5 millions pour la Moldavie, les aides versées à la Moldavie par habitant sont considérablement plus importantes.

Mais toute cette aide a-t-elle permis à la Moldavie de croître plus rapidement que la Roumanie ? Non. Est-ce que toute cette aide a aidé la Moldavie à suivre le rythme de la Roumanie ? Non.

Il est fort probable que les aides accordées à la Moldavie aient entraîné une baisse de la croissance. Pourquoi ? Parce que les responsables politiques sont moins motivés à résoudre les problèmes lorsqu’ils peuvent tout simplement tendre la main pour obtenir des cadeaux.

Il n’y a d’ailleurs aucune raison de penser que l’adhésion à l’Union européenne soit responsable des bons résultats de la Roumanie. L’adhésion à l’UE (échelonnée entre 2004 et 2007) n’a pas modifié le taux de croissance à long terme du pays.

En conclusion, l’aide de gouvernement à gouvernement pourrait jouer un rôle productif si elle était assortie de conditions. Si le gouvernement des États-Unis et d’autres organismes d’aide du monde entier conditionnaient l’octroi de l’aide à de grandes améliorations de la politique économique, cela se traduirait par une plus grande prospérité pour la Moldavie. Malheureusement, les gouvernements donateurs ne sont pas du tout intéressés à imposer de bonnes conditions à l’aide. Les gouvernements bénéficiaires ne se soucient que de laisser les robinets de l’aide ouverts pour que les politiciens et les hauts fonctionnaires puissent empocher une grande partie du butin.

Cet article est publiée initialement par FEE et traduit en Français par Institute for Economics and Enterprises

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