Burundi : Agenda 2040-2060, à qui les commandes ?
Le Burundi, pays où plus de 65 % de la population est âgée de moins de 35 ans, se trouve à un tournant décisif. Alors que la Vision 2060 trace un avenir prospère, fondé sur l’entrepreneuriat des jeunes et l’ouverture économique, une question fondamentale se pose : les jeunes Burundais pourront-ils véritablement être les architectes de ce projet, ou seront-ils relégués au rôle de spectateurs ? Analyse de Kelly ISHIMWE, contributrice dans notre campagne KAZOZA KACU.
Une jeunesse sous-représentée dans les sphères de prise de décision.
La situation actuelle met en évidence une contradiction majeure. D’un côté, les jeunes sont au cœur des discours politiques qui les présentent comme le moteur du changement.
De l’autre, ils sont largement exclus des sphères de pouvoir. La Constitution du Burundi, bien qu’avancée sur certaines questions, ne prévoit aucun mécanisme concret pour promouvoir l’inclusion des jeunes dans les institutions stratégiques.
Cette exclusion reflète un système où dominent encore les élites établies, souvent désignées comme la “Génération des hippopotames”, selon l’expression de Georges Ayittey. Ces élites, bien qu’expérimentées, sont souvent accusées de résister au changement, freinent l’innovation et conservent un pouvoir disproportionné dans la prise de décision.
Un chômage de masse qui freine l’émancipation des jeunes.
Le chômage massif constitue un autre obstacle majeur. Plus de 70 % des jeunes Burundais n’ont pas accès à un emploi décent, une situation qui alimente frustration et désengagement. Ce problème économique est étroitement lié à leur marginalisation politique.
Malgré leur potentiel, les jeunes restent absents des postes de décision, ce qui les empêche de proposer des solutions adaptées à leurs besoins et à leurs aspirations. Ce paradoxe, où une majorité est tenue à l’écart des processus qui affectent directement son avenir, soulève la question de savoir si la Vision 2060 est une opportunité réelle ou une simple utopie.
La Vision 2060 : une opportunité ou une utopie ?
La Vision 2060 promet un Burundi libre, riche et prospère, mais sa réalisation dépendra de la capacité à inclure les jeunes dans sa mise en œuvre. Les discours sur l’entrepreneuriat des jeunes, l’innovation et la diversification économique doivent être accompagnés d’actions concrètes pour que cette ambition devienne réalité. Les jeunes doivent être placés au centre des stratégies nationales et se voir accorder les moyens nécessaires pour transformer cette vision en un véritable projet de société.
Pour transformer cette vision en une réalité inclusive, le Burundi doit adopter des réformes structurelles profondes. La gouvernance doit devenir plus représentative et intégrer pleinement les jeunes dans les organes décisionnels. Cela nécessite de changer les mentalités et de considérer les jeunes comme des acteurs essentiels du présent, et non comme des bénéficiaires passifs de politiques publiques.
Le renforcement des capacités des jeunes est tout aussi crucial. Cela passe par des investissements massifs dans l’éducation, la formation technique et professionnelle, ainsi que l’accès à la technologie et au financement pour encourager l’innovation et l’entrepreneuriat. Ces outils permettront aux jeunes de jouer un rôle actif dans le développement économique et social du pays.
Une lutte générationnelle ou un partenariat pour l’avenir ?
La réussite de la Vision 2060 repose sur une réconciliation entre les générations. Plutôt que de voir cette période comme une lutte entre les “guépards” et les “hippopotames”, il est possible d’envisager un partenariat où les jeunes insufflent une énergie nouvelle et les anciens partagent leur expérience.
Cependant, cette harmonie ne sera possible que si les jeunes sont véritablement outillés et soutenus pour prendre leur place. En 2060, ces jeunes auront dépassé la cinquantaine, et une nouvelle génération sera alors prête à relever d’autres défis. La Vision 2060 est donc bien plus qu’un projet : elle est une chance unique pour le Burundi de prouver que l’avenir se construit aujourd’hui, et avec tous ses citoyens.
A propos de nous :
Institute for Economics and Enterprises est un Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée
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