Au Burundi, le gouvernement consacre des milliers de dollars chaque année pour soutenir les jeunes entrepreneurs dans le cadre de sa vision économique à long terme. Cependant, les résultats escomptés peinent à se matérialiser : de nombreuses entreprises lancées dans le cadre de ces programmes sombrent prématurément, victimes d’un manque de vision stratégique et d’une exécution inadéquate. Billet de notre contributrice à la compagne KAZOZA KACU Kelly ISHIMWE

L’illusion du collectivisme entrepreneurial

Une observation majeure réside dans la structure même des financements octroyés. Ces derniers privilégient souvent les projets collectifs, misant sur la synergie d’équipe pour maximiser les chances de réussite. Pourtant, cette approche peut se révéler contre-productive. Regrouper des individus aux aspirations divergentes autour d’un financement unique conduit fréquemment à des conflits internes d’intérêt et à une vision entrepreneuriale diluée. Ces tensions, aggravées par des luttes de pouvoir ou des désaccords stratégiques, sont à l’origine de nombreux échecs parmi les entreprises jeunes.

Derrière cette tendance se cache une question fondamentale : l’entrepreneuriat collectif peut-il réellement être un moteur de développement durable pour le Burundi ? Bien que l’idée d’un « un pour tous, tous pour un » ait des mérites en théorie, elle ne tient pas toujours compte des réalités complexes du marché. L’entrepreneuriat exige souvent un leadership fort, une vision claire et une exécution rigoureuse des qualités qui sont difficiles à maintenir au sein de structures collectives hétérogènes.

Individualisme et leadership : la clé d’un entrepreneuriat durable

Il est essentiel de reconnaître que tout le monde n’est pas fait pour entreprendre. L’entrepreneuriat est bien plus qu’un simple accès à des financements : c’est un processus qui demande de la résilience, de l’innovation et une capacité à prendre des risques. Le succès repose sur un leadership visionnaire et sur des compétences stratégiques que seuls certains individus possèdent ou peuvent développer.

Pour optimiser l’impact des financements, il serait judicieux de repenser les critères d’octroi. Plutôt que d’encourager systématiquement les projets collectifs, les politiques publiques devraient évaluer avec soin les aptitudes entrepreneuriales individuelles. L’accent devrait être mis sur la formation, le mentorat et l’accompagnement personnalisé pour permettre aux porteurs de projets de bâtir des entreprises solides et durables.

Vers une réforme stratégique pour 2060

Si le Burundi souhaite atteindre ses objectifs économiques d’ici 2060, il est impératif de réorienter ses priorités. Plutôt que de multiplier les financements sans discernement et collectifs, il faut investir dans l’éducation entrepreneuriale, renforcer l’écosystème de soutien aux start-ups et promouvoir une culture du mérite et de l’innovation. Tout cela basé sur l’individu. Cela implique de valoriser les individus porteurs de projets ambitieux, tout en leur laissant la liberté de constituer des équipes alignées avec leur vision. Car le groupe ne peut pas être entrepreneur, mais l’individu oui

À mon humble avis, le collectivisme entrepreneurial, bien qu’attrayant sur le papier, montre ses limites dans un contexte où le leadership individuel est crucial. Pour bâtir un avenir prospère, le Burundi doit privilégier une approche axée sur l’individu, en misant sur des idées novatrices et sur des leaders capables de transformer leurs visions en réalités économiques.

A propos de nous :

Institute for Economics and Enterprises est une Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.

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