Burundi : De la libre imitation à la libre innovation, un long chemin pour les jeunes entrepreneurs.
Selon le rapport du Global Innovation Index, le Burundi reste un mauvais élève en matière de libre innovation, occupant la 130 ème place sur 132 pays évalués, avec un score inférieur à celui de la plupart des pays de la région. Pourtant, alors que le pays mise sur l’entrepreneuriat des jeunes pour sortir de la pauvreté, les mesures en place doivent impérativement se réformer autour de la libre innovation. Par Kelly ISHIMWE.
Bien que l’entrepreneuriat soit présenté comme une solution par le gouvernement burundais pour assurer la sécurité alimentaire et financière, il reste un défi majeur pour les jeunes burundais, malgré les efforts visant à les orienter. Environ 65 % des jeunes burundais sont sans emploi, et ceux qui s’orientent dans l’entreprenariat peinent à réussir, ce qui décourage d’ailleurs plus d’un. Outre les défis liés aux régulations publiques, la tendance à l’imitation risque d’aggraver la faillite des entreprises des jeunes.
Selon l’économiste chercheur Jean Damas BIGIRIMANA, la principale raison des échecs des jeunes entrepreneurs est le manque d’innovation : « Investir est important, mais l’innovation reste la clé du succès pour un entrepreneur dévoué. Malheureusement, la plupart des jeunes obtiennent des financements et investissent dans des produits ou services existants sans apporter d’innovation significative pour attirer les clients. Cette imitation constante les disqualifie rapidement de la compétition sur le marché, entraînant souvent des faillites précoces », explique-t-il.
L’innovation des jeunes ; un potentiel encore sous-exploité ?
Depuis 2020, les initiatives visant à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes se multiplient au Burundi, avec une augmentation notable du nombre de jeunes entreprises. Cependant, malgré ces efforts, les résultats tangibles tardent à se matérialiser. L’inflation reste élevée, peu de produits locaux dominent le marché international, et le secteur agricole et d’élevage sont en déclin constant. Faut-il donc remettre en question la prolifération des jeunes entreprises et leur rôle dans la revitalisation de l’économie de marché en Afrique ?
Pour Jean BARIKWINSHI, un entrepreneur indépendant, maintenir son entreprise en activité est un combat quotidien : « À la sortie de l’université, sans emploi et sans ressources, j’ai emprunté une petite somme à mon oncle pour commencer à fabriquer des objets d’art décoratif. Pour survivre, j’ai dû démarcher activement les habitants de Bujumbura, en adaptant mes produits aux besoins de chaque client. Grâce à une offre unique, j’ai réussi à fidéliser une clientèle qui me permet aujourd’hui de subvenir aux besoins de ma famille », raconte-t-il
Pour que l’entrepreneuriat des jeunes burundais puisse véritablement contribuer au développement économique, il est impératif de promouvoir une culture de l’innovation. Cela passe par une éducation de qualité qui stimule la créativité et encourage les jeunes à penser différemment. En dotant cette jeunesse des outils nécessaires à l’innovation réelle et productive, le Burundi pourrait enfin exploiter tout son potentiel entrepreneurial pour surmonter les défis économiques actuels et futurs.
A propos de nous :
Institute for Economics and Enterprises est une Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.
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