Burundi : Entreprenariat des jeunes, est-il possible de réussir le pari d’ici 2040 ?
Pour faire face au chômage et booster l’employabilité des jeunes, le gouvernement du Burundi a investi une somme de 48 milliards de BIF, soit environ 20 millions de USD dans le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) depuis 2021. De ce fait, plus de 3000 petites entreprises et coopératives ont vu le jour proposant des produits et services variés ; néanmoins leur persistance sur le marché reste un aspect qui devrait attirer une attention particulière afin d’analyse si leurs capitaux ne sont pas phagocyter précocement par le marché. Analyse de ISHIMWE Kelly, Contributrice dans notre campagne KAZOZA-KACU
2040, un Burundi émergent ; 2060, un Burundi développé où chaque bouche a de la bouffe et chaque poche a du Fbu. Tel est la vision du gouvernement burundais et ses partenaires au développement. C’est un refrain omniprésent dans toutes les initiatives de l’Etat dorénavant et les jeunes sont placés au cœur du processus. Qu’est ce qui est fait pour les jeunes afin de d’accélérer la réussite ? Quelle est la réalité de l’entreprenariat des jeunes au Burundi aujourd’hui ?
Des chiffres sont là pour nous donner raison. 6.000 projets de coopératives devront être financés et encadrés, 30.000 jeunes formés (10 jeunes/colline), 200 000 emplois créés et consolidés, 1 000 petites et moyennes entreprises créées, encadrées et financées, 200 projets de jeunes entrepreneurs à succès financés, 50.000 jeunes sensibilisés au changement de mentalités ou encore 100 000 emplois indirects créés. L’objectif de PAEEJ n’est pas moindre. Il dispose d’un budget de 48 milliards de Fbu pour une période de 4 ans (2021-2025), soit 12 millions Fbu chaque année.
A titre d’exemple, durant la période janvier-Mars 2024, 2.399 jeunes ont été formés dans différents métiers ou domaines. 408 projets acceptés ont été financés et 500 stages professionnels ont été accordés aux jeunes dans tout le pays à travers le programme. Au regard de ces chiffres, il faut aussi aller sur le marché afin de comprendre à quoi ressemble l’impact de ces jeunes entreprises émergentes.
Le chemin est encore long…
Certes, les investissements de PAEEJ facilitent l’accès aux capitaux pour les jeunes, ce qui a généré une vague de nouveaux entrepreneurs en herbe. D’aucuns s’en réjouit. Cependant, l’émergence sur le marché de ces jeunes entreprises reste confrontée à des défis liés au libre entrepreneuriat et aux régulations du marché au Burundi. Même si les chiffres n’indiquent pas les statistiques sur la performance et la qualité de la production des entreprises financés par PAEEJ, la majorité d’entre elles travaille dans le secteur primaire comme l’agriculture et élevage du petit bétail comme les lapins, poules et les porcs principalement, ainsi que les petits métiers de subsistance (Coiffure, couture, cuisine, …).
Nonobstant, l’accès sur le marché d’écoulement et la gestion des affaires reste un défis pour plus d’un, ce qui constitue un défaut d’écoulement de leur produits. Selon un article publié par JIMBERE Magazine, en Mai 2024, la coopérative Etoile des jeunes de la commune ITABA, qui œuvre dans l’élevage des poules peinent à vendre leur production, faute de doute des clients sur la qualité des produits. De ce fait, ils doivent vendre 1kg de poulet à 11 000 BIF et un œuf à 500 BIF, soit une baisse de 40% sur le prix réel.
La libre innovation, une piste ?
L’engouement d’innovation est une réalité dans la jeunesse burundaise, il suffit de participer dans une foire ou hub d’innovation locale pour contempler les différentes initiatives innovatrices des jeunes. Malheureusement, la majorité de ces jeunes opèrent dans des conditions typiquement précaire avec des ressources limitées et ont une faible production par conséquent ; cette situation diminue leurs compétences sur le marché et leur niveau de concurrence reste minime sur le marché local et nulle sur le marché régional et international.
Le principe du marché libre obéit d’abord à la loi de l’offre et de la demande et à une libre compétition, c’est-à-dire ; les entreprises qui proposent plus de produits et de bonne qualité se positionnent mieux sur le marché. Mais l’innovation se limite pas à la production et vente des biens et services ; il faut des stratégies de marketing pour promouvoir les produits afin d’attirer et fidéliser plus de clients.
À mon humble avis, si pendant 3 années ; environ 2000 petites entreprises des jeunes ont étés créées, financées et accompagnées par le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ), on devrait avoir un bilan sur la performance en terme de produits et services et surtout un inventaire des entreprises qui sont encore opérationnelles car certains arrivent pas à pérenniser leur business. Réussir le pari d’un Burundi émergent en 2040 et Burundi développé en 2060 est possible, mais pour y arriver il faut des mesures qui permettent aux jeunes un environnement d’affaire libre et de faciliter leur accès au marché locale et internationale afin de leur permettre à sécuriser leurs capitaux et la croissance de leurs entreprises.
A-propos de l’Institute for Economics and Enterprises
Le mandat de l’Institute for Economics and Enterprises consiste à produire, par un apprentissage ciblé, “une société basée sur les principes du libre marché, de la propriété privée et d’état de droit”. Il est d’œuvrer pour une société plus libre et plus prospère en partenariat avec les étudiants, les journalistes et les autres décideurs
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