À Matana, le Burundi a célébré le 9 août la Journée internationale des peuples autochtones, une occasion de mettre en lumière les défis auxquels ces communautés sont confrontées. Face à la discrimination qui empêche les jeunes autochtones de mettre leurs talents au service de l’innovation, notre contributeur, Jean Hubert KWIZERA, salue l initiative de fournir des terres aux familles autochtones et revient sur l’impact du manque de droit de propriété privée pour stimuler l’entrepreneuriat chez les jeunes autochtones.

Lors de la célébration de la Journée Internationale des Peuples Autochtones, 21 familles autochtones ont bénéficié de houes et de terres cultivables pour une période renouvelable de cinq ans. Cette journée a été célébrée alors que les populations autochtones font partie des populations sans droit de propriété privée, alors que ce dernier est le fondement non seulement de la liberté individuelle, mais aussi de la prospérité économique.

Depuis 2022, le Burundi a fait des efforts pour renforcer les droits de propriété privée. Selon l’indice de liberté économique, le score du Burundi a légèrement augmenté, passant de 18,8 % en 2022 à 19,8 % en 2023. Cette progression s’est poursuivie en 2024 avec une augmentation de 8,4 %, atteignant 28,2 %. Malgré cette évolution, des obstacles persistent, surtout pour les jeunes autochtones qui, en l’absence de +droits de propriété, sont exclus du développement de l’entrepreneuriat agricole et des efforts pour construire un Burundi émergent en 2040 et prospère en 2060.

L’épine dans le pied des jeunes autochtones

Malgré l’amélioration de l’indice de liberté de propriété privée au Burundi, qui reste inférieur à 50 %, il est évident que le droit de propriété privée est encore embryonnaire chez les communautés autochtones, notamment pour les jeunes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat. Actuellement, ces jeunes, souvent en âge de travailler et représentant une main-d’œuvre efficace pour le développement agricole, se heurtent à une crise croissante de manque de terres cultivables. Cela réduit leur capacité à contribuer au développement des communautés autochtones, à faire face aux défis de la malnutrition et à créer des sources de revenus leur permettant d’accéder à des soins de santé adéquats.

Le manque de terres les expose également à un manque de financement pour moderniser et révolutionner le secteur entrepreneurial grâce à l’innovation. En effet, sans accès à la terre, ils ne peuvent pas disposer de titres de propriété. Or, sans titres de propriété, ils ne peuvent pas obtenir de prêts bancaires ou d’investissements nécessaires pour démarrer ou développer leurs activités. Cette situation les empêche de participer pleinement à l’économie formelle et les condamne souvent à des activités économiques informelles et précaires, tout en les empêchant de sortir du cycle de pauvreté dans lequel ils sont piégés.

Que faire alors ?

Comme l’a si bien démontré l’économiste Hernando de Soto, le droit de propriété, fondement de la liberté et de la responsabilité, lorsqu’il est clairement établi, peut conduire à un progrès durable. Afin d’assurer la prospérité via la protection des droits de propriété, le Burundi devrait multiplier les initiatives visant à fournir des terres aux populations autochtones et réduire les contraintes liées à l’obtention des titres de propriété pour ces communautés, dont la plupart des membres ne savent ni lire ni écrire et  assurer la sécurité juridique de leurs terres car en sécurisant leurs terres, les jeunes autochtones pourraient utiliser ces actifs pour obtenir des financements et investir dans des projets entrepreneuriaux. Cela leur permettrait de créer des entreprises viables et de générer des revenus durables.

Mais cela ne suffit pas. Le Burundi devrait également créer un environnement plus libéral avec une liberté des échanges plus poussée et un environnement plus inclusif pour permettre aux autochtones d’accéder librement sans discrimination aux différents marchés d’écoulement.

A propos de nous :

Institute for Economics and Enterprises est une Think Tank basé au Burundi qui une mission de produire une société basée sur les principes du libre marché, de l’Etat de droit et de la propriété privée.

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